Sur le chemin de la mer — La Via del Sale

Combien de fois, en cherchant de nouveaux chemins, avez-vous entendu parler des « routes du sel » ? A priori, assez souvent. En fait, ces routes existent depuis des milliers d'années, et même si elles diffèrent par leurs points de départ et d'arrivée, au fil des siècles, elles ont été unies par le même objectif : le transport du sel de la mer vers la vallée du Pô et les Alpes.

Dès le Moyen ge, les marchands chargeaient de grandes quantités d'or blanc – le sel était appelé ainsi dans certaines régions du nord de l'Italie en raison de sa rareté et de sa valeur élevée – sur le dos de mules et parcouraient des centaines de kilomètres sur des crêtes montagneuses pour atteindre les grands centres, où ils vendaient ce produit si précieux. Ils ajoutaient souvent des anchois, des sardines et du cabillaud dans les barils. Mélanger le poisson avec du sel était une tactique très efficace pour payer un droit de douane moins élevé. De plus, à l'époque, ce minéral était essentiel pour la conservation des aliments.

L'itinéraire a une grande valeur historique, à la fois pour les raisons que j'ai énumérées ci-dessus et parce qu'au cours des siècles, il a été emprunté par les pèlerins vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Comme dans les Alpes, les villages des Apennins ont également connu un dépeuplement avec le boom économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Si autrefois ces chemins étaient le théâtre d'une agitation constante de marchands avec leurs bêtes de somme, aujourd'hui le silence règne et dans certains cas l'abandon. Toutefois, grâce à des chemins comme celui-ci, ces dernières années, certains villages ont ressuscité et le désir d'investir de l'énergie et des ressources pour faire revivre le passé a grandi.

Aujourd'hui, on entre dans un magasin, on prend un sac de sel sur l'étagère, on paie à la caisse et c'est tout. Autrefois, en revanche, ce luxe n'existait pas. De nombreuses personnes souffraient de crétinisme, une maladie due à une carence en sodium, qui entraînait de graves retards de développement mental et physique et se manifestait souvent par un goitre. C'est pourquoi ce minéral était considéré comme de l'or blanc et il était essentiel de pouvoir l'obtenir, même en petites quantités.

La Via del Sale (route du sel) dont je vous parle dans cette Collection relie Varzi, une commune de l'Oltrepò Pavese, à Portofino, joyau de la Riviera ligure orientale. Il s'agit d'un parcours d'environ 90 kilomètres, qui peut être compléter en quatre jours. J'ai choisi Portofino comme destination finale, mais vous pouvez aussi décider de la terminer à Sori ou Camogli.

Il s'agit à toutes fins utiles d'un voyage de découverte. En fait, l'itinéraire touche quatre régions italiennes : le Piémont, la Lombardie, l'Émilie-Romagne et la Ligurie. C'est un mélange de culture, d'histoire et de gastronomie. Le chemin longe principalement la crête de douces collines, offrant des paysages vastes et extrêmement pittoresques.

Elle est praticable approximativement de mai à fin octobre. En automne, les reliefs les plus élevés peuvent déjà être recouverts d'une couche de neige. Chaque étape se termine dans un refuge ou dans un village où il y a plusieurs possibilités d'hébergement, mais vous pouvez rendre la marche encore plus aventureuse en passant la nuit sous une tente.

N'oubliez pas de prendre une bonne réserve de barres et de fruits secs dans votre sac à dos, ainsi que des vêtements confortables et techniques. Il n'y a pas beaucoup de points d'eau le long du parcours, je vous recommande donc de toujours faire le plein avant de partir.

Pour se rendre à Varzi, il faut rejoindre Pavie ou Voghera en train depuis Milan et de là, prendre un bus. En revanche, pour le retour, vous pouvez rejoindre la gare de Gênes en prenant un bus de Portofino à Santa Margherita Ligure, puis un train direct. La capitale ligure est reliée aux principales villes du nord de l'Italie.

Bonne marche !