Nous vivons à l'ère de la technologie et de la vitesse. Les incroyables progrès de la science mettent à notre disposition une multitude d'informations, de biens et d'expériences dans une immédiateté toujours plus immédiate. Aujourd'hui, un train à grande vitesse permet de se rendre du centre de Madrid au centre de Valence en un peu plus de 90 minutes. Au 18e siècle, c'était encore très différent. Jusqu'alors, la plupart des gens se déplaçaient soit à pied, soit à l'aide d'animaux. Puis, l'utilisation de charrettes a stimulé le commerce, et les principales routes sont devenues praticables en calèche et en voiture.

En 1767, José Matías Escribano publia un guide décrivant les routes entre Madrid et les principales villes d'Espagne, qui connut un grand succès. Il faisait la distinction entre les chemins muletiers et les chemins charretiers et détaillait les points remarquables, notamment les ponts, ainsi que les distances et les détours possibles.

Ce document historique est un coffre aux trésors rempli d'expériences pour ceux qui aiment l’itinérance lente. Il est certes pratique de pouvoir aller aussi vite en train à grande vitesse, mais à plus de 200 km/h, il est impossible d'admirer les châteaux millénaires et les villages médiévaux. Impossible aussi de contempler la couleur turquoise de l'eau dans les gorges du Júcar et de photographier les ponts qui ont aidé d'innombrables voyageurs à traverser les rivières.

Je vous invite à parcourir les presque 440 kilomètres qui séparent les gares d'Atocha à Madrid et de Joaquín Sorolla à Valence, non pas en train à grande vitesse, mais à vélo. Cet itinéraire s'inspire de celui décrit par Escribano. Bien sûr, j'ai dû l'adapter, car de nombreuses routes nationales actuelles suivent les anciennes routes commerciales. Certains tronçons sont aujourd’hui parallèles à l'autoroute, mais j'ai planifié l'itinéraire de façon à vous emmener découvrir des coins passionnants, et encore un peu secrets.

Chaque étape propose des restaurants en cours de route et au moins un hébergement le soir. Certaines auberges historiques sont devenues des aires de repos le long de l'autoroute, d'autres se trouvent sur des routes secondaires et ont pu conserver leur caractère ancien. Beaucoup d’autres sont malheureusement tombées en ruine.

Une grande partie du parcours se déroule sur des chemins de terre qui traversent de magnifiques paysages et de splendides sites naturels. Certains tronçons empruntent des sentiers et des chemins goudronnés. Quelques rares passages empruntent des routes. Un gravel avec des sacoches est idéal pour cette aventure. N'oubliez pas d'emporter un kit de réparation et de bien réviser votre vélo avant le départ.

Comme les restaurants sont assez nombreux sur la route, vous pourrez voyager léger. Vous trouverez également des magasins, des bars et des fontaines d'eau. Assurez-vous d'avoir toujours quelques provisions avec vous en cas de petite fringale

Les journées sèches du printemps et de l'automne sont idéales pour un voyage de Madrid à Valence. Durant ces deux saisons, les températures sont douces et les journées sont plus longues. Vous pouvez également faire le trajet en hiver, même s'il peut geler la nuit et que le vent peut éventuellement souffler sur les prairies exposées. Plus vous vous rapprochez de Valence, plus il fait chaud. En été, le soleil brûle fort et comme il y a peu d'ombre le long du parcours, cette saison n'est pas recommandée. Quel que soit le moment où vous entreprendrez ce voyage, consultez les prévisions météorologiques afin de savoir comment vous équiper.

Prenez le temps de vous arrêter, d’observer, de vous immerger et de tout photographier. J'espère que ces chemins séculaires vous offriront un voyage dans le temps inoubliable.