2 toiles classées d’un peintre saintongeais du XVIII°

Saint-Fort-sur-Gironde possède aujourd’hui un splendide édifice religieux, souvent remanié par des agrandissements ou des réparations.
Cette église telle que nous la voyons aujourd’hui est un amalgame de styles, roman, ogival ou Renaissance. La souche est probablement très ancienne mais la façade, récemment restaurée, accuse la moitié du XIIème siècle. La particularité de cette façade est la présence des têtes de chevaux, reliés par le mors, voussure célèbre dans les milieux archéologiques. On peut aussi y découvrir, sculptés à la base des arcs de la façade, une frise reproduisant les sept péchés capitaux.
Le clocher, du XVème s., s’élève sur le côté sud de la nef ; son rez-de-chaussée est percé par une très belle porte Renaissance au fronton de laquelle des moulures, coquilles et auvent abritent une statue de la Vierge. La partie haute du clocher est la partie Renaissance, avec terrasse à balustrade flamboyante portant un ensemble de deux dômes octogonaux à écailles et aux arêtes garnies de crochets.
A l’intérieur on peut admirer, outre 2 tableaux du peintre saintongeais P. VINCENT (XVIIème.), la Crucifixion et l’Assomption, tous les deux classés Mobiliers Historiques, de magnifiques vitraux, et une litre funéraire, presque entièrement reconstituée.Pierre Vincent est connu comme peintre de sujets religieux et ses œuvres sont conservées dans des églises de Charente-Maritime, de Charente et de Gironde. Son activité est attestée à partir de 1781, date de sa 1ère œuvre connue. Il s'agit d'un tableau de St-Georges-des-Côteaux, sobrement signé et daté « Vincent 1781 ». Par la suite, il fait accompagner ses signatures d'un « pinxit » [a peint], formule latine souvent utilisée par les peintres. En 1786 et 1787, sur les tableaux réalisés pour les églises de Barbezieux et de Lonzac, il y ajoute la formule latine « Santonibus » [« pour les Saintais »], qui traduit sa volonté d'appartenir au cercle des peintres de la ville. En 1788, on trouve trace de son activité à la limite de la Gironde et de la Dordogne, à Ste-Foy-la-Grande où il peint pour l'église Notre-Dame pas moins de 4 tableaux, dont l'un est signé « P. Vincent pinxit 1788 ». Vers 1810, sur les tableaux conservés à Mortagne/Gironde et St-Dizant-du-Gua, il remplace ces expressions latines désuètes par « P. Vincent peintre à Bordeaux », qui indique son changement d'adresse.
L'artiste a eu une certaine notoriété puisqu'il a reçu de nombreuses commandes pour des églises de Saintonge et du Bordelais. Le thème le plus fréquemment représenté est la Crucifixion, comme à Barbezieux, La Clisse, Le Douhet, Mortagne/Gironde, Ozillac, St Dizant-du-Gua et St -Fort/Gironde. Il a aussi peint des sujets tels que l'Adoration des Mages ou des Bergers (Lonzac et Saintes) et surtout l'Assomption de la Vierge qu'il a figuré à 4 reprises (Pons, Barbezieux, Saint-Fort et Sainte-Foy-la-Grande). Dans ces 2 dernières églises, force est de constater la similitude des Assomptions, inspirées de Rubens.