« Chiappucci, sept heures de légende ». C'est ce que titrait la Gazzetta dello Sport au lendemain de la victoire de Claudio Chiappucci lors de la 13e étape du Tour de France 1992. En effet, l'exploit de Chiappucci, surnommé El Diablo, est resté dans les mémoires comme l'une des plus grandes performances de l'histoire du cyclisme. Le profil de cette étape était insensé : 250 kilomètres et cinq cols alpins à franchir, dont l'Iseran, qui culmine à 2 764 mètres. Avant le départ, Chiappucci, interviewé par la télévision française, a déclaré qu'il se sentait très bien. Le résultat de son excellente forme est incroyable : plus de 200 kilomètres dans l'échappée, dont 125 en solitaire.

Après avoir sprinté pour les points du GPM (Grand prix de la montagne) au col de Saisies, Chiappucci s'est retrouvé, de façon presque surprenante, dans le groupe d'échappés au départ du Cormet de Roseland. Peu coopératif avec le groupe de tête, Chiappucci s'est échappé en solitaire sur les rampes de l'Iseran. Une initiative jugée insensée et vouée à l'échec. La tentative, en effet, semble échouer sur les rampes du Moncenisio : Gianni Bugno décide de retirer son équipe, aidant ainsi le grand favori du Tour de France, Miguel Indurain, déjà vainqueur de l'édition 1991. Cette décision est très critiquée en Italie : les journaux sportifs en profitent pour créer un nouveau duel, après ceux, historiques, entre Coppi et Bartali, ou entre Moser et Saronni.

Au pied de la dernière côte, qui mène à Sestriere, l'écart entre l'échappé et le groupe de tête est passé de cinq minutes à une minute et demie. Miguel Indurain a détaché Gianni Bugno, ramenant son avance sur Chiappucci à moins de 60 secondes. Mais dans les derniers kilomètres, Chiappucci trouve ses dernières forces, grâce aussi à l'incroyable mobilisation sur les routes (on estime à plus de cent mille le nombre de personnes présentes à Sestriere), et Indurain paie la chaleur torride de la journée. Claudio Chiappucci remporte donc une étape mythique, devant le surprenant Vona et le favori Indurain.

Vous lancer sur cette étape historique du Tour de France vous donnera l'occasion de gravir des cols mythiques, comme l'Iseran et le Moncenisio, sans parler du Cormet de Roseland, l’un des plus beaux passages des Alpes. Vous pouvez rejoindre le point de départ de Saint-Gervais-Les-Bains en TER depuis Bellegarde. Si vous y allez en bus, pensez à réserver une place pour votre vélo bien à l'avance.

Le premier col du parcours est celui des Saisies, caractérisé par de vastes prairies verdoyantes. Au sommet, vous pourrez vous rafraîchir dans les différents bars. Le col des Saisies rappelle également l'attaque ratée de Marco Pantani contre Lance Armstrong lors du Tour de France 2000 : le Romagnolo avait tenté de changer le destin de la course en lançant une attaque très loin de la ligne d'arrivée, mais l'action n'avait pas abouti.

La montée au Cormet de Roseland est plus difficile que la précédente. La vue splendide sur un lac artificiel d'un bleu cristallin vous récompensera de tous vos efforts. L'ascension suivante rend cette aventure encore plus épique. N'oubliez pas de vous munir de lampes frontales, indispensables pour traverser les tunnels qui vous mèneront aux 2 764 mètres du col d'Iseran.

L’ascension du Moncenisio vous fait basculer en Italie. Près du sommet se trouvent un lac alpin et une pyramide, qui abrite un musée racontant l'histoire de ce célèbre col, souvent emprunté à l'époque romaine. Une belle descente vous amène ensuite à la belle ville de Suse, dont les monuments romains sont encore visibles dans toute leur splendeur. Un long faux-plat vous amène au pied de la dernière montée, qui vous conduit enfin à Sestriere. De là, vous pouvez prendre un bus jusqu'à la Briançon, d’où vous pourrez prendre le train.

Sestriere a accueilli plusieurs arrivées d'étapes du Tour de France : en 2024, le groupe du Tour passera ici lors de la quatrième étape, qui ramènera les coureurs en France après les trois premières étapes italiennes. Il est maintenant temps de découvrir l'itinéraire de cette Collection, que l'on ne peut aborder qu'en été, car la plupart des cols alpins sont fermés en hiver. Le long de la route, vous trouverez plusieurs petites villes où vous pourrez vous rafraîchir, boire, manger et dormir. Je parie que les jambes vous démangent déjà.